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OBLOMOFF.

s’efforce, qui travaille, qui sue, qui souffre et qui se donne un mal épouvantable pour se préparer de beaux jours.

Ils viennent enfin : l’histoire elle-même voudrait se reposer ; non, les nuages s’amassent de rechef, l’édifice s’écroule encore : il faut encore travailler, faire de nouveaux efforts. Les beaux jours ne s’arrêtent point, ils fuient et toujours coule la vie, toujours elle coule, et toujours les ruines s’entassent sur les ruines.

Une lecture sérieuse le fatiguait. Les philosophes ne réussirent point à allumer en lui la soif des vérités abstraites. En revanche les poètes le remuèrent profondément. Il fut jeune comme tout le monde.

Lui aussi il eut dans son existence ce moment de bonheur que chacun éprouve, ce moment de la floraison des forces, de l’espoir dans la vie, de l’héroïsme, de l’activité, du désir du bien, cette époque de forts battements du cœur et du pouls, de frémissements, de discours enthousiastes et de douces larmes.

L’esprit et le cœur s’éclaircirent : il secoua sa somnolence, l’âme aspira à l’activité. Stoltz l’aida à prolonger ce moment aussi tard que possible avec une nature comme celle de son ami. Il surprit Oblomoff en tête-à-tête avec les poètes et, pendant deux années, il le retint sous la férule de la pensée et de la science.

Utilisant le vol enthousiaste de la jeune imagination, il donna à la lecture des poètes un autre but que le