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OBLOMOFF.

— Bah ! toi ! tu ne sais rien de rien. Mais tous les filous écrivent naturellement, et tu peux m’en croire ! Voici, par exemple, continua-t-il en montrant Alexéeff, une âme honnête, un véritable mouton : saura-t-il écrire naturellement ? — jamais. Son parent, tout animal et canaille qu’il est, celui-là écrira naturellement. Et toi non plus tu ne saurais écrire naturellement. Donc, ton staroste est déjà une canaille de ce qu’il écrit adroitement et naturellement. Vois comme il a enfilé l’un après l’autre les mots « réintégrer au domicile. »

— Mais qu’en faire ? demanda Oblomoff.

— Eh ! Le remplacer tout de suite.

— Et qui nommer ? Comment faire pour connaître les paysans ? Peut-être qu’un autre serait pire encore. Voilà douze ans que je ne suis allé là-bas.

— Alors va toi-même à la campagne. C’est indispensable. Passes-y l’été et à l’automne arrive droit à ton nouvel appartement. J’arrangerai tout afin qu’il soit prêt.

— Un nouvel appartement, la campagne, moi ! quelles mesures désespérées tu me proposes ! dit Oblomoff d’un ton mécontent. Non, pour éviter les extrêmes et se maintenir dans le juste milieu…

— Ma foi ! mon cher Élie, tu vas t’enfoncer tout à fait. Moi à ta place j’aurais depuis longtemps hypothéqué mon bien, et j’en aurais acheté un autre, ou