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OBLOMOFF.

l’auberge, et cependant tu es un barine, un propriétaire ! Tandis que là-bas la propreté, la tranquillité ! Tu auras à qui parler quand tu t’ennuieras. Personne, excepté moi, n’ira te voir. Deux enfants. Tu joueras avec eux autant qu’il te plaira ! Que veux-tu de plus ? Et quel avantage, quel avantage ! Que paies-tu ici ?

— Quinze cents.

— Et là-bas mille pour presque toute la maison ! Et quelles pièces, claires, agréables ! Elle voulait depuis longtemps un locataire tranquille, exact, et je t’envoie…

Oblomoff secoua la tête d’un air distrait, en signe de refus.

— Tu as beau faire, tu y passeras ! dit Taranntieff. Pense donc que cela te coûtera moitié moins : rien que pour le logement tu gagneras cinq cents roubles. Tu auras une table deux fois meilleure et plus propre ; tu ne seras plus volé par ta cuisinière ni par Zakhare…

On put entendre un grognement dans l’antichambre.

— Et il y aura plus d’ordre, continua Taranntieff. Maintenant, c’est dégoûtant de se mettre à table chez toi ! veut-on du poivre ? — il n’y en a point ; du vinaigre ? — on a oublié d’en acheter. Les couteaux ne sont pas nettoyés ; tu te plains qu’on te perd ton