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rien d’homme : c’était une huître à figure humaine. » Elle a la mode et la popularité ; chacun des petits actes intimes de son existence occupe Paris et l’Europe. Et, quand elle fait soigner un petit chien qu’elle aime, non par Lionnois le vétérinaire à la mode, mais bien par le très illustre Mesmer, forcé de magnétiser le toutou, — et qu’il meurt, le petit chien adoré ! aussitôt ce couplet court la capitale :

Le magnétisme est aux abois ;
La Faculté, l’Académie
L’ont condamné tout d’une voix,
Et même couvert d’infamie.
Après ce jugement bien sage et bien légal.
Si quelque esprit original.
Persiste encor dans son délire,
Il sera permis de lui dire :
Crois au magnétisme… animal !

couplet qui, avec le mot spirituel de Sophie[1] , manque de tuer la faveur et la fortune du magnétiseur.

On se la dispute, on se l’arrache ; et dans ce dîner connu sous le nom de la Dominicale, dans ce dîner où se réunissent tous les dimanches, chez le célèbre chirurgien Louis, les membres de la seconde société du Caveau dispersé, en ce

  1. Le chien étant mort, après un certificat de guérison délivré par l’actrice au magnétiseur, elle dit : « Au moins, je n’ai rien à me reprocher ; le pauvre animal est mort en parfaite santé ! »