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la jambe portée en avant, et avec leurs mains ballantes et ouvertes devant les cuisses. Nello fermait la marche, élevant chacun de ses pieds à la hauteur de son œil et les rabattant avec un mouvement impératif de la paume de sa main tendue, — léger, volant et blagueur.

Deux des clowns anglais prenaient le petit escalier du billard ; deux autres, près desquels venaient s’asseoir Nello et Gianni, demandaient un jeu de dominos.

Un vieux clown sans nationalité, grand, sec, osseux, ramassait sur les tables tous les journaux et allait s’asseoir au fond et loin des autres.

Entre les deux Anglais commençait une partie de dominos, où il n’y avait que le bruit agaçant de l’os sur le marbre, et sans une parole, et sans une plaisanterie, et sans un rire, et sans rien qui mît autour du jeu, la vie du jeu : une partie qui semblait jouée par des mimes impassibles.

Gianni regardait les ronds de sa pipe mon-