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chien aux yeux de feu. Sa vie s’était passée dans le vent, la pluie, l’orage, les déchaînements mystérieux des forces de la nature. Depuis l’âge de huit ans, ses yeux avaient vu les aubes et les crépuscules de chaque jour : toutes les heures de la terre troubles et voilées, et pleines de visions et d’apparences et disposant l’esprit du berger à la croyance peureuse aux choses surnaturelles, et peuplant son imagination de toutes sortes de noires interventions des puissances occultes. Il était né sur une terre arriérée, en laquelle s’éternisait le passé d’une vieille province, dans un département lointain, encore sillonné d’antiques diligences, et où se dressait à chaque bifurcation de deux chemins une croix de pierre. Tous les dimanches, d’abord enfant, puis déjà grand garçon, il ôtait sa blouse pour passer la chemise blanche de l’enfant de chœur. Plus tard il était resté croyant à son catéchisme, captivé par tout le miraculeux qu’il enseigne, si bien que sous le soleil