Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/202

Cette page n’a pas encore été corrigée

sur leur ouvrage, de toutes ces détenues semblablement vêtues, de toutes ces têtes coiffées et de tous ces dos recouverts de madras à raies bleues, se levait, dans le jour du nord du grand atelier, un brouillard bleuâtre, une luminosité froide, reflétée de couleurs de misère, de prison, d’infirmerie, que faisaient encore plus tristes les fleurs aux soies éclatantes, entrouvertes sur le métier des brodeuses.

Le travail était incessant, toujours recommençant, sans rien de ce qui anime, encourage, réjouit le travail, sans une parole, sans un mot, sans une exclamation par laquelle se confesse tout haut le plaisir de la tâche terminée. Dans la manufacture muette, en plein silence continu, seul, un coup de dé, frappé de temps en temps sur le dossier d’une chaise, avertissait la prévote qu’une femme avait fini l’ouvrage donné, ― qu’elle attendait l’autre.