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hokousaï.

la Guerre et du Crime. C’est dire, n’est-ce pas, que l’illustration de tels romans devait tenter Hokousaï, qui s’y absorbe presque tout entier, en 1805, 1806, 1807, etc., et lui donne, pendant près de vingt ans, les plus longues heures de son travail quotidien.

Puis, pour Hokousaï, il y avait encore une autre séduction dans cette illustration. Le Japon est amoureux du surnaturel, et ses romans sont pleins d’apparitions. Or l’artiste appelé là-bas le peintre des fantômes, le peintre qui a dessiné ces têtes des Cent Contes qui vous laissent dans la mémoire un souvenir d’épouvante, le peintre auquel les directeurs de théâtres venaient demander des maquettes de visions d’effroi, le peintre près duquel les conférenciers macabres sollicitaient des figures de mortes, devait aimer à traduire, avec les imaginations de son art, les rêveuses imaginations dans le noir des lettrés de son pays, et c’est ce qui explique les longues années, où une partie de son talent appartint à l’illustration des romans.

En 1805, Hokousaï illustre Yéhon azouma foutaba nishiki, le Brocard (l’éclat) des deux pousses de la plante de l’Est, roman en cinq volumes, dont le texte est de Kohéda Sighérou,