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l’art japonais.

À propos de fleurs, Hokousaï nous révèle un curieux ton de l’aquarelle de là-bas : c’est le ton du sourire. Mais écoutez le vieux maître :

Ce ton appelé le ton du sourire, Waraï-gouma, est employé sur la figure des femmes, pour leur donner l’incarnat de la vie, et aussi employé pour le coloriage des fleurs. Pour le fabriquer ce ton, voici le moyen : il faut prendre du rouge minéral, shôyén-ji, fondre ce rouge dans de l’eau bouillante, et laisser reposer la dissolution : c’est un secret que les peintres ne communiquent pas.

Hokousaï ajoute :

Pour les fleurs, on mêle généralement de l’alun à cette dissolution : mais ce mélange brunit le ton. Moi, j’emploie bien aussi l’alun, mais d’une manière différente, due à mon expérience. Je le bats longtemps dans un godet et le tourne sur un feu très doux, jusqu’à ce que le liquide soit desséché complètement. Cette matière ainsi obtenue, on la conserve à sec, pour s’en servir, en la mélangeant avec du blanc. Et pour obtenir ce blanc teinté d’un soupçon de rouge, j’étends le blanc d’abord, et ensuite en délayant le shôyén-ji dans beaucoup d’eau, et le laissant précipiter au fond de cette eau, à peine teintée, passée sur la gouache, j’obtiens la coloration voulue.