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l’art japonais.


paient avec des linges mouillés les endroits, où il y avait trop de couleur.

Ce ne fut qu’à la tombée de la nuit que l’exécution complète du Darma fut terminée, et qu’on put soulever, au moyen des poulies, la grande machine peinte, et il y eut encore une partie du papier traînant au milieu de la foule, qui, selon l’expression japonaise, semblait une armée de fourmis autour d’un morceau de gâteau. Et ce ne fut que le lendemain, qu’on put surélever l’échafaudage, et accrocher complètement en l’air la peinture.

Cette séance fit éclater le nom d’Hokousaï, comme un coup de tonnerre, et pendant quelque temps, dans toute la ville, on ne vit dessiné sur les châssis, sur les paravents, sur les murs, et même sur le sable par des enfants, rien que des Darma, rien que l’image de ce saint, qui s’était imposé la privation du sommeil, et dont la légende raconte, qu’indigné de s’être endormi une nuit, il se coupa les paupières, les jeta loin de lui, comme de misérables pécheresses et que par suite d’un miracle, ces paupières prirent racine où elles étaient tombées, et qu’un arbrisseau, qui est le thé, poussa donnant la boisson parfumée qui chasse le sommeil.

Ce ne fut pas la seule grandissime peinture