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Il est intéressant de constater la similitude d’âme prédicatrice qui existe entre Tolstoï et le philanthrope des prisons John Howard, vivant au siècle dernier. Comme puritain, Howard ne pouvait supporter les profanations auxquelles, d’après son opinion, la religion chrétienne était soumise en Italie par la mise en scène et les formes rituelles. Pendant les dernières années de sa vie, il se nourrissait exclusivement de végétaux, s’abstenait de vin et de toutes liqueurs fortes. Il était également ennemi des prétentions des sciences exactes (des recherches géologiques, par exemple), trouvant qu’elles détournent les hommes du droit chemin de la morale chrétienne. Enfin, comme pour augmenter la ressemblance, on possède dans la biographie d’Howard le détail suivant : comme puritain, il composait comme ses ancêtres son « covenant » c’est-à-dire la condition solennelle de sa soumission à Dieu. Il le renouvela et le contre-signa pour la dernière fois en 1789, à Moscou.

Ce n’est donc pas en vain que la comtesse Tscharsky rencontre Nekludoff par cette remarque plaisante : « Vous posez pour un Howard ».

Au sujet du principal ouvrage de Howard : The State of prisons in England and Wales paru en 1777, Spassowitsch dit ce qui suit : « Cette œuvre est des plus remarquables en son genre ; c’est une des principales productions du xviiie siècle, c’est le travail d’un auteur qui n’était ni un savant ni un littérateur.

« Jamais encore un livre purement descriptif,