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de la cause sous la forme de tel ou tel arrêt, ne découle nullement de cette analyse, mais devient le résultat des conceptions particulières et de la disposition d’esprit accidentelle des juges. C’est pour cette raison que le contrôle établi pour surveiller l’application ponctuelle des formes et des procédures de l’administration judiciaire, élevé à la hauteur d’une institution entière, semble être aux yeux de Tolstoï quelque étrange comédie, d’autant moins pardonnable qu’il dépend tout de même de cette institution de décider du sort d’êtres vivants.

Il est certain que si aux voies de l’instruction judiciaire servaient des procédés analytiques amenant vraiment à la solution du problème posé par chaque cause criminelle, il y aurait un sens à surveiller que leur application fût exacte et infaillible. Cela aurait le même sens, qu’a pour la solution d’un problème de mathématique, la stricte observance des règles de la multiplication, du passage des membres d’un polynôme, l’extraction des racines, etc., suivant que l’exige la marche du raisonnement mathématique. Mais là, la vérification des formes de l’enquête — dans quel ordre furent appelés les témoins, quels documents devaient ou non être livrés à la publicité, etc. comme si d’un changement dans cet ordre dépendait la solution du problème, tandis que l’arrêt du tribunal n’est nullement la réponse au problème et pas même le résultat de la procédure exécutée sous forme d’enquête — n’aboutit à rien. La solution du problème