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Il ne faut pas croire que ceci soit une chinoiserie ou un jeu d’enfants, loin de là. Ces citations sont tirées de procès-verbaux d’un tribunal compétent composé de grandes personnes. Les procès contre les animaux, les mouches cantharides, les chenilles, les souris, les taupes, etc., existaient réellement. On possède même un manuel détaillé pour ce genre de procès, édicté par ce même Barthélémy Chassanée, avec l’exposé des détails de procédure et de pratique judiciaires. Les défenses de Chassanée dans ce genre de procès servirent de commencements à sa renommée qui l’a placé au premier rang de la magistrature véritable, c’est-à-dire de celle qui s’occupe des hommes et non des animaux.

Supposons encore que nous assistions aux débats d’un de ces procès. Nos sensations nous feraient soupçonner alors ce que renferment pour Tolstoï, dont le coup d’œil a dépassé toutes nos conceptions, les procédures et les formes judiciaires du tribunal moderne qu’il est admis de considérer aujourd’hui comme une institution accomplissant rationnellement une œuvre nécessaire, par l’application du châtiment criminel.

Dans la scène du jugement, par exemple, Tolstoï nous montre d’un coup, avec une évidence frappante, le côté faible de la justice criminelle qui devrait sauter aux yeux d’un observateur libre de toute routine et qui passe inaperçu de tout le monde. En effet : du moment qu’il est question d’un crime et du jugement de ses auteurs, il sem-