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nous parvient après un trajet nécessitant un temps qui, multiplié par deux, nous donnerait exactement la période nous séparant de l’événement que l’on voudrait observer. Nous voudrions, par exemple, voir ce qui se passait sur la terre il y a de cela un siècle : il suffirait pour cela de trouver une étoile dont la lumière met cinquante ans à nous parvenir et nous serions transportés alors à l’époque voulue, car nous verrions l’astre tel qu’il était il y a cinquante ans, alors qu’à cette époque il recevait de la terre des rayons qui avaient mis également un demi-siècle à lui parvenir, c’est-à-dire que nous verrions les rayons réfléchis par cette étoile et qui émanaient de notre globe il y a un siècle.

Possédant un semblable appareil perfectionné, il serait intéressant de viser une étoile dont les rayons réfléchis nous montreraient les événements qui se passaient à Madrid le 30 mai 1680. On célébrait ce jour-là le mariage du roi Charles II avec Marie-Louise d’Orléans, et, pour signaler cette cérémonie, dix-neuf hérétiques devaient être brûlés vifs en présence des jeunes époux. La procession nous aurait paru bien imposante.

Le grand inquisiteur de Tolède ouvrait la marche. À sa suite venaient : le chœur de la chapelle royale chantant le « Miserere », le chef des Dominicains accompagné de trois moines, la croix verte (emblème de l’Inquisition) crêpée de deuil, les juges et les censeurs, les représentants de la science, les nobles, les membres de l’Inquisition