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petites étoiles. On ne voyait de lumière dans aucune maison. Ils entrèrent dans une grande cour, au bruit des aboiements d’une foule de chiens. De chaque côté, l’on apercevait des granges et des cabanes couvertes en chaume. L’une de ces maisons, qui se trouvait juste en face de la porte d’entrée, était plus grande que les autres, et paraissait être la demeure du centenier. La kibitka s’arrêta devant une espèce de grange, et nos voyageurs gagnèrent tous leurs gîtes. Le philosophe avait bien l’intention d’examiner d’abord l’extérieur de la maison seigneuriale ; mais il avait beau écarquiller les yeux, il ne voyait rien de clair. La maison devenait un ours, la cheminée le recteur. Thomas se résignant, laissa tomber son bras, et alla se coucher.

Quand il s’éveilla, toute la maison était dans une agitation extrême. La fille du seigneur était morte pendant la nuit. Les domestiques couraient çà et là tout effarés. Quelques vieilles pleuraient. Une foule de curieux regardaient par la haie dans la cour, comme s’ils eussent eu quelque chose à voir. Alors le philosophe se mit à examiner les lieux qu’il n’avait pu discerner pendant la nuit. La maison du seigneur était un petit bâtiment très-bas, comme on les construisait jadis dans la Petite-Russie. Elle était couverte en chaume. Un petit fronton, haut et pointu, percé d’une fenêtre ronde