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teur en soulevant un peu la tête, laissez-le, laissez-le partir. —

Et les Cosaques voulaient déjà le conduire eux-mêmes dans les champs. Mais celui qui s’était montré si curieux les arrêta.

— Non, dit-il, je veux causer avec lui du séminaire. —

Du reste, il est douteux qu’une pareille fuite fût possible, car lorsque le philosophe essaya de se lever de table, il lui sembla que ses pieds étaient de bois, et il aperçut une si grande quantité de portes dans la chambre, qu’il lui eût été difficile de trouver la véritable.

C’est seulement vers le soir que toute cette compagnie se rappela qu’elle devait se mettre en route. Après s’être empaquetés dans la kibitka, ils partirent en fouettant les chevaux et en chantant à tue-tête une chanson dont il eût été fort difficile de comprendre les paroles et la mélodie. Après avoir erré presque toute la nuit, perdant à chaque instant la route qu’ils auraient dû connaître par cœur, ils descendirent enfin une côte très-rapide qui les conduisit dans un vallon ; et le philosophe remarqua de l’un et de l’autre côté du chemin des haies derrière lesquelles s’élevaient de petits arbres et des toits de maisons. C’était un grand village qui appartenait au centenier. Il était déjà plus de minuit. Sur un ciel sombre, étincelaient par-ci par-là de