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LE REVIZOR 43

Khlestakof. — C'est la nuit. Le patron me refuse des bougies... Je voudrais lire... ou la fantaisie me prend d'écrire... l'inspiration, comprenez- vous... impos- sible... il fait noir, il fait noir...

Le préfet. — Oserai-je... vous demander?... Mais non... je suis trop indigne...

Khlestakof. — Quoi donc?

Le préfet. — Oh! non... non... je suis indigne, indigne...

Khlestakof. — Mais de quoi s'agit-il?

Le préfet. — Oserai-je?... Nous aurions chez nous une très belle chambre pour vous... Elle est claire, calme... Mais, je le sens... ce serait un trop grand honneur... Ne prenez pas en mal... je vous jure que... je vous invite avec toute la simplicité de mon âme...

Khlestakof. — Mais permettez... avec plaisir, au contraire... Il me sera plus agréable d'être dans un appartement privé que dans ce cabaret !

Le préfet. — Comme je serai heureux ! Et ma femme... elle se réjouira!... C'est inné en moi... dès ma plus tendre enfance, l'hospitalité a été de rigueur, surtout si l'hôte est un homme de haute culture... Ne croyez pas que je vous flatte... je n'ai pas ce défaut... C'est mon âme qui...

Khlestakof. — Je vous suis profondément recon- naissant. Moi aussi... j'ai horreur des hypocrites... Votre franchise, votre cordialité me touchent... et j'avoue ne rien exiger de plus à mon égard que res- pect et dévouement, dévouement et respect.

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