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LE REVIZOR 19

Le préfet (épouvanté). — Dieu! Que dites- vous? Ce n'est pas lui.

Dobtchineski. — C'est lui. Il ne paye pas... ne s'en va pas... Qui pourrait-il être?... Et son passeport marque Saratof comme point de destination...

Bobtchineski. — Je vous jure que c'est lui... vraiment... il a une manière d'observer... rien ne lui échappe... Voyant que nous mangions du saumon... surtout à cause de l'estomac de Piotr Ivanovitch, comme vous savez... il a fixé nos assiettes avec un air... j'en fus terrifié...

Le préfet. — Seigneur, aie pitié de nous, pêcheurs que nous sommes... Mais quelle chambre occupe-t-il là-bas?

Dobtchineski. — Le numéro cinq, sous l'escalier.

Bobtchineski. — Le même numéro où des officiers se sont battus... l'année dernière.

Le préfet. — Est-il arrivé depuis longtemps?

Dobtchineski. — Depuis deux semaines environ... le jour de Vassili l'Égyptien...

Le préfet. — Deux semaines ! (A part.) Batiouchka ! Seigneur Tout-Puissant ! Que tous les saints du ciel me viennent en aide !... La femme d'un sous-officier a été fouettée ces jours-ci... Les prisonniers n'ont eu aucune réserve de nourriture... Les rues sont ignobles... sales... Honte, scandale !

(Il se prend la tête dans ses mains.)

Artemi Philippovitch. — Il n'y a qu'une chose à faire, Antone Antoncvitch... se rendre en procession à l'hôtel...

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