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110 LE REVIZOR

Anna Andreevna. — Seigneur ! Quelles horribles expressions, Antocha !

Le préfet (avec mécontentement). — Il s'agit bien d'expressions ! Savez-vous que ce même fonction- naire à qui vous vous êtes plaints épouse ma fille... Hein? Qu'est-ce que vous dites de cela? Je vais vous... Vous trompez le peuple !... Vous volez cent mille roubles au fisc en vendant des étoffes pleines de moisi... et lorsque vous faites cadeau d'une vingtaine d'archines, vous demandez des gratifications... Hein, vous osez crier : « Il est marchand, ne le touchez pas... nous en remontrerons même aux nobles ! » Aux nobles, pauvres petits... Mais ils s'instruisent, vos nobles... on les fouette à l'école, mais ça sert au moins à quelque chose... Et vous?... Vous commencez par être des fourbes !... et le patron vous bat, parce que vous ne savez pas voler... gamins, vous ne savez même pas Notre Père, mais vous vous y connaissez en ruses... Et lorsque votre ventre est bien rempli, que vos poches sont pleines, vous faites les fiers !... Hein, quel dieu ! Parce que tu as vendu seize samo- vars dans ta journée, tu joues à l'important... Mais je crache sur ta tête et ton importance...

Les marchands (saluant). — Nous sommes cou- pables, Antone Antonovitch.

Le préfet. — Vous plaindre ! Et qui t'a permis de voler lorsque tu construisais le pont et comptais vingt mille roubles le bois... alors que tu n'en avais pas pour cent roubles !... C'est moi qui t'ai aidé, hein, vieille tête de bouc j Vous l'avez oublié... Je pourrais vous faire envoyer tous en Sibérie... Que diriez- vous si...

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