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convenance, rendaient leur commerce aussi facile qu’agréable. Leur costume et tout ce qui les entourait respirait un parfum de cour et de grand monde, ce qui ne laissait pas de former un certain contraste avec les allures des époux, auxquels la vie de campagne avait déjà donné quelque chose de champêtre. Ils ne tardèrent pourtant pas à se mettre à l’unisson avec leurs anciens amis, qui facilitèrent ce rapprochement par une foule de gracieuses concessions, que leur délicatesse exquise savait rendre imperceptibles.

La conversation ne tarda pas à devenir générale et très-animée, et cette petite société ne semblait plus faire qu’une seule et même famille.

Au bout de quelques heures, les dames se retirèrent dans l’aile du château qui leur était spécialement réservée ; elles avaient tant de choses à se dire ! La coupe des robes, la couleur des étoffes et la forme des chapeaux à la mode jouèrent un grand rôle dans leurs causeries confidentielles. De leur côté, les hommes se montrèrent leurs chevaux, leurs voitures, leurs équipages de chasse, et se mirent à troquer, à vendre et à acheter selon leurs caprices et leurs fantaisies.

A l’heure du dîner on se retrouva avec un plaisir nouveau. Le changement que le Comte et la Baronne avaient fait subir à leur toilette, annoncèrent un tact parfait, car s’ils ne possédaient que des vêtements à la dernière mode, et par conséquent encore inconnus aux habitants du château, ils avaient su les ajuster de manière à modifier le cachet de nouveauté et d’élégance qui aurait pu choquer leurs amis ou blesser leur amour-propre.

On parla français, afin de ne pas être compris par les domestiques qui servaient à table. Il était