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tard, dit-il au moment où Ottilie rentrait dans la salle, nous aurions eu au moins le temps de terminer la vente de la métairie. Le projet du contrat est rédigé, j’en ai fait une copie, il nous en faudrait une seconde, et le vieux secrétaire est malade.

Charlotte et le Capitaine offrirent de faire cette copie, mais il refusa, parce qu’il ne voulait pas, dit-il, abuser de leur complaisance.

— Je me charge de ce travail, s’écria Ottilie.

— Toi ? dit Charlotte, mais tu n’en finiras jamais.

— Il est vrai, ajouta le Baron, que cet acte est fort long, et qu’il me faudrait la copie après-demain matin.

— Vous l’aurez.

Et s’emparant du papier qu’il tenait à la main, Ottilie sortit avec précipitation.

Le lendemain matin nos amis se placèrent de bonne heure aux fenêtres du salon, et leurs regards se fixèrent sur la route par laquelle le Comte et la Baronne devaient arriver. Bientôt Édouard aperçut un cavalier dont les allures ne lui étaient pas inconnues ; craignant de se tromper, il pria son ami, dont la vue était meilleure que la sienne, de lui décrire le costume et la tournure de ce voyageur. Le Capitaine s’empressa de lui donner ces détails, mais le Baron l’interrompit et s’écria :

— C’est lui ! oui, c’est Mittler ! Par quel hasard inexplicable permet-il à son cheval de marcher ainsi d’un pas tranquille et lent ?

C’était en effet Mittler ; on l’accueillit avec une joie cordiale.

— Pourquoi n’êtes-vous pas venu hier ? lui demanda le Baron.