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vendue à un bon fermier qui la désirait depuis longtemps. On savait qu’il faudrait lui accorder des termes, ce qui était facile, puisqu’on pouvait régler la marche des travaux d’après les époques du paiement.

A peine nos amis furent-ils de retour au château, que le Capitaine étala ses plans et ses cartes sur une grande table ; on les consulta afin d’harmoniser les nouveaux projets avec les anciens. Plusieurs changements étaient en effet devenus indispensables ; mais la place de la maison d’été resta irrévocablement fixée sur le penchant de la montagne en face du château.

Ottilie qui ne se permettait jamais de donner son avis avait gardé un profond silence. Le Baron poussa devant elle les cartes et les plans que le Capitaine ne semblait avoir étalés que pour Charlotte, et la pria si instamment et avec tant de bonté de dire sa pensée, puisque rien n’était fait encore, qu’elle se laissa entraîner.

— C’est là, dit-elle, en posant le bout de son doigt sur le point le plus élevé de la montagne, oui, c’est là que je ferais construire la maison d’été. Il est vrai qu’on n’y verrait pas le château, mais on jouirait d’un avantage réel, celui d’avoir sous ses yeux des sites nouveaux et des objets tout à fait différents de ceux que nous voyons tous les jours ici. Sur cette plate-forme, la vue est vraiment admirable ; j’en ai été frappée, et cependant je n’ai fait qu’y passer.

— Elle a raison, s’écria Édouard, comment cette idée ne nous est-elle pas venue ? N’est-ce pas, Ottilie, continua-t-il en posant à son tour le doigt sur la carte, c’est bien là que doit s’élever la maison d’été ?

Ottilie fit un signe affirmatif, et le Baron traça un grand carré long, au crayon, sur le point indiqué. Le Capitaine