Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée

des prairies ; là, des collines boisées s’échelonnaient avec grâce, et plus loin une charmante métairie se cachait au milieu des arbres qui couronnaient la plus haute de ces collines.

Un bois touffu borna tout à coup la vue, et lorsque nos promeneurs l’eurent traversé, ils se trouvèrent, à leur grande satisfaction, sur la montagne en face du château, et à la place où, d’après les plans du Capitaine, devait bientôt s’élever une jolie maison d’été. Après une courte halte, on descendit jusqu’à la cabane de mousse, et, pour la première fois, les quatre amis s’y trouvèrent réunis. La conversation roula naturellement sur les difficultés du terrain que l’on venait de parcourir. Le Capitaine assura que rien n’était plus facile que d’y tracer une route commode et pittoresque. Chacun donna son opinion sur cette route, et les imaginations s’exaltèrent au point que, de la pensée du moins, on la voyait déjà finie, et l’on s’y promenait avec délices. Charlotte détruisit tout à coup ces rêves charmants en calculant la dépense qu’occasionnerait un pareil travail.

— Il sera facile de lever cette difficulté, répliqua Édouard : la petite métairie si pittoresquement située sur la colline ne me rapporte presque rien, je la vendrai, et ce capital, employé à nous procurer un plaisir de tous les jours, sera mieux placé que dans ce bien dont j’ai tant de peine à me faire payer le mince fermage.

Charlotte ne trouva plus d’objection à faire, et le Capitaine proposa de vendre les terres en détail, afin d’en tirer une somme plus forte. Les tracasseries inséparables d’un pareil morcellement effrayèrent Édouard et l’on décida, d’un commun accord, que la métairie serait