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s’unissait instinctivement au piano, quand Charlotte le tenait, et la flûte d’Édouard se mariait avec bonheur au jeu d’Ottilie, quand les touches de cet instrument vibraient sous les doigts de la jeune fille.

Ce fut dans cette disposition d’esprit qu’on vit approcher l’anniversaire de la naissance du Baron, pour laquelle l’année précédente on avait vainement espéré son retour au château. Cette fois on s’était promis de célébrer ce jour dans une douce et silencieuse intimité. A mesure qu’il approchait, Ottilie devenait plus grave et plus solennelle. Quand elle visitait les jardins, elle semblait passer les fleurs en revue, et faisait signe au jardinier de veiller avec soin sur elles, et, surtout, sur les marguerites, qui, cette année, donnaient avec une abondance extraordinaire.


Les amis ne tardèrent pas à s’apercevoir avec bonheur qu’Ottilie s’était décidée enfin à ouvrir le riche coffre, et à en tirer plusieurs objets et pièces d’étoffes qu’elle disposa et tailla elle-même, afin d’en composer un habillement aussi complet qu’élégant.

En aidant à sa maîtresse à replacer dans ce coffre les effets parmi lesquels se trouvaient beaucoup de gants, de jarretières, de bas, de souliers, Nanny s’aperçut qu’il serait difficile de les replier assez adroitement pour les faire tenir tous dans ce même coffre, et elle la pria de lui donner quelques-unes de ces bagatelles qui avaient vivement excité sa coquetterie et sa cupidité.