Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée

un rayon oblique et rougeâtre du soleil couchant tombait sur son épaule et dorait ses joues.

Édouard avait réussi à ’s'avancer dans ses domaines sans rencontrer personne. Enhardi par ce succès, il pénétra toujours plus avant et sortit tout à coup des buissons qui croissaient sous le bouquet de chênes et lui dérobaient la vue du lac.

Au bruit des branches froissées, Ottilie détourna la tête, tous deux se reconnurent ! Édouard se précipita vers elle et tomba à ses pieds. Après un silence plein de charmes dont tous deux avaient besoin pour se remettre, il lui expliqua enfin comment et pourquoi il se trouvait en ce lieu.

— J’ai envoyé le Major auprès de Charlotte, continua-t-il ; notre sort à tous se décide sans doute en ce moment. Jamais je n’ai douté de ton amour, tu as dû compter sur le mien ; ose me dire enfin que tu veux m’appartenir ; consens à notre union.

Elle hésita, il insista plus fortement, et, s’appuyant sur ses anciens droits, il allait l’attirer dans ses bras ; elle lui désigna d’un geste l’enfant endormi. Édouard jeta sur lui un regard fugitif, et une surprise mêlée d’effroi se peignit sur ses traits.

— Grand Dieu ! s’écria-t-il, si je pouvais douter de ma femme, de mon ami, quelle preuve terrible ne trouverais-je pas sur la figure de cet enfant ! ce sont les traits du Major, jamais je n’ai vu une ressemblance aussi frappante.

— Non, non, dit Ottilie, tout le monde soutient que c’est à moi qu’il ressemble.

— C’est impossible, répondit Édouard.

Mais au même instant l’enfant ouvrit ses