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elles envisagent les relations sociales sous un autre point de vue. Là, on demande aux instituteurs de s’occuper des apparences, de cultiver l’extérieur, et d’élargir sans cesse devant leurs élèves le cercle de l’activité et des connaissances humaines. Cela serait facile encore, si l’on savait mutuellement se poser de sages limites ; mais à force de vouloir étendre l’intelligence, on la pousse, sans le vouloir, dans le vague, et l’on finit par oublier entièrement ce qu’exige chaque individualité par rapport à elle-même et par rapport aux autres individualités avec lesquelles elle peut se trouver en contact. Éviter cet écueil est un problème que chaque système d’éducation cherche à résoudre, et que pas un n’a résolu complètement. Pour ma part, je me vois à regret forcé d’enseigner à nos pensionnaires, une foule de choses qui ne leur servent qu’à perdre un temps précieux, car l’expérience m’a prouvé qu’elles cessent de s’en occuper dès qu’elles deviennent épouses et mères. Si une compagne sage et fidèle pouvait un jour s’associer à ma destinée, je serais le plus heureux des hommes, car elle m’aiderait à développer chez les jeunes personnes toutes les facultés nécessaires à la vie de famille, et je pourrais me dire que, sous ce rapport du moins, l’éducation que l’on recevrait dans ma maison serait complète. Sous tous les autres rapports l’éducation recommence presque avec chaque année de notre vie ; mais celle-là ne dépend ni de notre volonté, ni de celle de nos instituteurs, mais de la marche des événements.

Ottilie trouva cette dernière observation d’autant plus juste que, dans l’espace de moins d’une année, une passion inattendue lui avait fait, pour ainsi dire, recommencer son passé tout entier ; et quand sa pensée s’