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« Les passions sont des défauts et des vertus exagérés. »

« Chaque passion est un phénix qui, au moment même où on le croit consumé, renaît de sa cendre. »

« Les passions sont des maladies sans espoir de guérison, car les moyens qui devraient les guérir, ne servent presque jamais qu’à les augmenter. »

« Lorsque nous faisons l’aveu d’une passion qui nous domine, nous en augmentons la force ; mais parfois aussi cet aveu l’affaiblit. »

« Un juste équilibre n’est nulle part plus nécessaire et plus difficile, que dans notre conduite envers un objet aimé ; car nous y mettons presque toujours ou trop de confiance ou trop de réserve. »


Entraînée par le tourbillon des plaisirs les plus bruyants et les plus bizarres, Luciane continua à fouetter devant elle l’ivresse de la vie au milieu du tourbillon des plaisirs sociaux. Son cortège grossissait de jour en jour ; car elle savait s’attacher, par sa bienveillance et par sa générosité, tous ceux qu’elle n’avait pu réussir à attirer par son extravagance et ses folies.

Sa grande-tante et son futur rivalisaient entre eux pour prévenir ses désirs, aussi ne connaissait-elle pas même la valeur des choses qu’elle prodiguait. Lorsqu’une dame de sa société lui paraissait moins richement habillée que les autres, elle l’affublait à l’instant d’un châle magnifique ou de toute autre parure qui lui manquait ; et elle imposait ces dons avec tant d’adresse et de