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personne du mort, n’en continue pas moins à s’occuper de monuments funéraires ?

« Mais pourquoi nous juger si sévèrement ? Ne pouvons, ne devons-nous donc travailler que pour l’éternité ? Ne nous habillons-nous pas le matin pour nous déshabiller le soir ? Ne nous mettons-nous pas en voyage avec l’espoir de revenir au lieu du départ ? Pourquoi ne souhaiterions-nous pas de reposer auprès des nôtres, quand ce ne serait que pour un siècle ou deux ?

« Les pierres mortuaires usées par les genoux des fidèles, les églises dont les voûtes se sont écroulées sur ces lugubres monuments, nous montrent, pour ainsi dire, une seconde époque de la vie de souvenir que nous aimons à faire à nos morts, et, en général, cette vie est plus longue que la vie d’action. Mais elle aussi a un terme et finit par s’évanouir. Pourquoi le temps, dont l’inflexible tyrannie est toujours sans pitié pour l’homme, serait-il plus indulgent pour l’œuvre de ses mains ou de son intelligence ? »


Il est si agréable de s’occuper d’une chose qu’on ne sait qu’à demi, que nous ne devrions jamais nous permettre de rire aux dépens de l’amateur qui s’occupe sérieusement d’un art qu’il ne possédera jamais, ni blâmer l’artiste qui dépasse les limites de l’art où son talent a acquis droit de cité, pour s’égarer dans les champs voisins où il est étranger.

C’est avec cette disposition bienveillante que nous allons