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à ce passage, qu’en leur communiquant la comparaison que ces gracieuses feuilles nous ont suggérée.

En Angleterre tous les cordages de la marine royale sont traversés par un fil rouge qu’on ne saurait faire disparaître sans détruire le travail du cordier qui ne les a enlacés ainsi, que pour prouver à tout le monde que ces cordages appartiennent à la couronne de la grande Bretagne. C’est ainsi qu’à travers le Journal d’Ottilie règne le fil d’un tendre penchant qui unit entre elles les observations et les sentences, et fait de leur ensemble un tout qui appartient spécialement à cette jeune fille !

Nous espérons que les extraits de ce Journal, que nous citerons à plusieurs reprises, suffiront pour justifier notre comparaison.

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EXTRAIT DU JOURNAL D’OTTILIE.

« Toutes les fois que la pensée de l’homme dépasse la vie d’ici bas, il ne saurait rien espérer de plus doux que de dormir auprès des personnes qu’il a aimées. Comme elle est chaleureuse, comme elle part sincèrement du cœur, cette phrase si simple : Aller rejoindre les siens !

« Il y a plus d’une manière de perpétuer le souvenir d’une personne morte ou absente ; la meilleure de toutes est, sans contredit, le portrait. Lors même qu’il ne serait pas parfaitement ressemblant, il charme et attire ; et l’on aime à s’entretenir avec lui, comme on