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beaucoup à Stock, qui, au milieu de son application soutenue, avait l’humeur la plus agréable, et qui était la bonté même.

La propreté de ce travail m’attirait, et je lis avec le maître quelques essais. Mon inclination m’avait ramené au paysage, qui m’intéressait dans mes promenades solitaires, et me paraissait accessible en soi et plus saisissable dans les œuvres d’art que la figure humaine, à laquelle je n’osais me risquer. Je gravai donc, sous la direction de Stock, divers paysages, d’après Thiel et d’autres peintres. Et ces travaux d’une main inexpérimentée produisaient cependant quelque effet, et furent bien reçus. Le grattage et le blanchiment des planches, la gravure même, et enfin l’application de l’eau-forte, m’occupaient tour à tour, et j’en vins bientôt à pouvoir aider mon maître en plusieurs choses. L’attention nécessaire pour appliquer l’eau-forte ne me faisait pas défaut, et il était rare que l’opération manquât ; mais je ne veillais pas assez à me garantir des vapeurs nuisibles qui s’exhalent pendant l’opération, et elles peuvent bien avoir contribué aux maux dont j’eus ensuite à souffrir assez longtemps. Pour essayer de tout, je mêlai à ces travaux des tentatives de gravure sur bois. J’exécutai quelques petits fleurons, d’après des modèles français, et plusieurs parurent satisfaisants.

Que l’on me permette de mentionner encore ici quelques hommes qui demeuraient à Leipzig ou y séjournèrent quelque temps. Weisse, receveur de district, dans ce temps à la fleur de son âge, amical et prévenant, avait notre affection et notre estime. A la vérité, nous ne voulions pas tout à fait accepter comme des modèles ses pièces de théâtre, mais elles nous entraînaient, et ses opéras, animés par le talent facile de Hiller, nous faisaient un grand plaisir. Schiebeler de Hambourg suivait la même carrière, et nous fîmes aussi un accueil favorable à son Lisouard et Dariolette. Eschenbourg, beau jeune homme, un peu plus âgé que nous, se distinguait avantageusement parmi les étudiants. Zacharie voulut bien passer avec nous quelques semaines ; introduit par son frère, il prit place à notre table. Nous nous faisions, comme de juste, un honneur de fêter notre hôte tour à tour, en faisant ajouter quelque chose à l’ordinaire, augmenter le dessert et servir de meilleur vin.