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vail d’ornements étrangers. Je rassemblai tout l’Olympe, pour tenir conseil sur le mariage d’un jurisconsulte de Francfort, et cela d’un ton assez grave, comme il convenait pour fêter un homme si honorable. Vénus et Thémis s’étaient brouillées à son sujet, mais un malin tour que l’Amour jouait à Thémis donnait gain de cause à Vénus, et les dieux se prononçaient pour le mariage. Le travail ne me déplut point. Il m’attira de la maison beaucoup d’éloges ; j’en fis encore une belle copie, et j’espérais obtenir aussi de mon maître quelque approbation. Je m’étais bien trompé : il traita la chose à la rigueur, et, sans observer du tout ce qu’il y avait réellement de parodie dans cette idée, il déclara extrêmement blâmable cette grande dépense de moyens divins pour un but humain si chétif ; il proscrivit l’emploi et l’abus de ces figures mythologiques, comme une mauvaise coutume dérivée d’une époque pédantesque ; il trouva l’expression tour à tour trop élevée et trop basse ; il n’avait pas épargné l’encre rouge dans les détails, et il déclara pourtant qu’il l’avait encore trop ménagée.

Ces pièces étaient lues et critiquées sans que l’auteur fût nommé, mais nous nous observions les uns les autres, et ce ne fut bientôt plus un mystère que cette malheureuse assemblée des dieux était mon ouvrage. Et comme, en acceptant le point de vue du maître, sa critique me paraissait tout à fait juste, et que ces divinités, considérées de près, n’étaient au fond que de vaines apparences, je maudis l’Olympe tout entier, et, depuis ce temps, l’Amour et Phébé sont les seules divinités qui figurent parfois dans mes petits poèmes.

Parmi les personnages que Behrisch avait choisis comme but de ses railleries, Clodius était lui-même au premier rang, et il n’était pas difficile de trouver chez lui un côté comique. Avec sa petite taille, un peu forte, sa figure ramassée, il était impétueux dans ses mouvements, un peu versatile dans ses discours et mobile dans sa conduite. Tout cela le distinguait de ses concitoyens, qui le souffraient cependant volontiers, à cause de ses bonnes qualités et des belles espérances qu’il donnait. On le chargeait ordinairement des poèmes que rendaient nécessaires les circonstances solennelles. Il suivait dans l’ode la manière de Ramler, mais elle n’allait bien qu’à ce modèle. Comme imi-