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l’escorte et dans d’autres cérémonies publiques. Nous prenions avec joie notre part de cet honneur et notre cent millième d’une souveraineté, qui paraissait à ce moment dans tout son éclat. Les divers cortèges du maréchal héréditaire de l’Empire et des ambassadeurs délégués pour le vote par les six électeurs laïques défilèrent ensuite au pas. Aucun ne comptait moins de vingt domestiques et de deux voitures de gala ; quelques-uns en avaient un bien plus grand nombre. La suite des électeurs ecclésiastiques enchérissait toujours ; les domestiques et les officiers semblaient innombrables ; l’électeur de Cologne et l’électeur de Trêves avaient plus de vingt carrosses de parade ; l’électeur de Mayence, à lui seul, tout autant. Les domestiques à pied et à cheval étaient habillés magnifiquement ; les seigneurs ecclésiastiques et séculiers, qui étaient dans les équipages, n’avaient pas manqué non plus de se montrer vêtus richement et noblement, et parés de tous leurs ordres. La suite de Sa Majesté Impériale surpassait, comme de raison, toutes les autres. Les piqueurs, les chevaux de main, les harnais, les chabraques, les housses, attiraient tous les yeux, et seize voitures de gala à six chevaux pour les chambellans de l’empereur, les conseillers privés, le grand chambellan, le grand maître de la cour, le grand écuyer, fermaient en grande pompe cette partie du cortège, qui, malgré sa splendeur et son étendue, n’était pourtant que l’avant-garde.

Les rangs se serraient toujours plus à mesure que s’élevaient la dignité et la magnificence. Au milieu d’une suite choisie de leurs domestiques, la plupart à pied, un petit nombre à cheval, parurent les délégués ainsi que les électeurs en personne, suivant l’ordre ascendant, chacun dans un superbe carrosse. Immédiatement après l’électeur de Mayence, dix coureurs impériaux, quarante et un laquais et huit heiduques annoncèrent Leurs Majestés. Le carrosse magnifique, dont le fond même était fermé par une glace d’une seule pièce, décoré de peintures, d’ornements en laque, de ciselures et de dorures, garni dessus et dedans de velours rouge brodé, nous permit de contempler à notre aise, dans toute leur magnificence, l’empereur et le roi, ces deux têtes longtemps désirées. On avait fait suivre au cortège un grand détour, soit par nécessité, afin qu’il pût se