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morceau de fer ajusté, mais encore était de nature à pouvoir se fortifier et porter de jour en jour un plus grand poids, cette vertu secrète, m’avait transporté d’admiration, au point que je bornai longtemps mon plaisir à contempler son effet. Mais enfin je crus que j’arriverais à quelques éclaircissements particuliers, si j’ôtais l’enveloppe. Je le fis sans en être plus éclairé, car l’armure dépouillée ne m’apprit rien de plus. J’enlevai l’armure à son tour, et je tenais cette fois dans mes mains la pierre toute nue, avec laquelle je ne me lassais pas de faire, sur de la limaille et des aiguilles, différents essais, dont ma jeune intelligence ne tira cependant d’autre avantage qu’une expérience variée. Je ne sus pas reconstruire l’ensemble, les parties se dispersèrent, et je perdis l’admirable phénomène en même temps que l’appareil.

Je ne réussis pas mieux à construire une machine électrique. Un ami de la maison, dont la jeunesse s’était passée à l’époque où l’électricité occupait tous les esprits, nous racontait souvent comme il avait désiré dans son enfance de posséder une machine électrique, comme il en avait observé les éléments principaux, et, au moyen d’un vieux rouet et de quelques fioles à médecines, avait produit des effets assez marqués. Comme il nous contait cela volontiers et souvent, et nous donnait en même temps des notions générales sur l’électricité, nous trouvâmes la chose très-plausible, et nous prîmes longtemps unit peine infinie avec un vieux rouet et quelques fioles, sans parvenir à produire le moindre effet. Néanmoins notre confiance n’en fut point ébranlée, et nous fûmes bien contents, lorsqu’à l’époque de la foire, parmi d’autres raretés, tours de magie et d’escamotage, nous vîmes une machine électrique faire ses merveilleuses expériences, qui, pour le temps, étaient, comme celles du magnétisme, déjà très-multipliées.

L’enseignement public inspirait toujours plus de défiance. On se mit en quête de maîtres particuliers, et, comme chaque famille ne pouvait suffire seule à la dépense, plusieurs s’associaient dans ce but. Mais les enfants s’accordaient rarement ; le jeune maître n’avait pas assez d’autorité, et, après des querelles souvent répétées, arrivaient les brouilleries et les séparations. Il ne faut donc pas s’étonner que l’on songeât à d’autres arran-