Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/505

Cette page n’a pas encore été corrigée


Dans cette convicfion, il poursuivit quelque temps sa fervente prière, et ce fut à peine s’il prit garde que la porte s’ouvrait et que l’on entrait. C’était sa mère qui venait à lui, le visage serein. Elle vit son trouble et lui adressa des paroles consolantes.

« Que je suis heureuse, lui dit-elle r de reconnaître du moins que tu n’es pas un menteur, et que je puis croire ton repentir sincère ! L’or est retrouvé : ton père, après l’avoir reçu d’un’ ami en payement, l’avait remis au caissier, et, distrait par les nombreuses occupations de la journée, il l’avait oublié. Ta déclaration s’accorde assez bien avec la somme d’argent : cette somme est beaucoup moins forte. Je n’ai pu contenir la joie de mon cœur, et j’ai promis à ton père de retrouver ce qui manque, s’il promettait lui-même de se calmer et de ne plus s’enquérir de l’affaire. »

Ferdinand fut transporté de joie. Il courut terminer sa spéculation ; il remit bientôt l’argent à sa mère ; il remplaça même ce qu’il n’avait pas pris, et ce qu’il savait que son père avait perdu par le seul désordre de ses dépenses. Il était joyeux et content ; mais toute cette affaire lui avait laissé la plus sérieuse impression : il s’était convaincu que l’homme a la force de vouloir et d’accomplir le bien ; il croyait aussi que par là l’homme pouvait intéresser à lui la Divinité, et se promettre son secours, qu’il avait senti d’une manière si immédiate. Alors il découvrit avec joie à son père son dessein de se fixer dans le pays qu’il avait visité ; il développa le plan de l’établissement dans toute sa valeur et son étendue ; le père ne parut point mal disposé, et la mère lui fit confidence des vues de Ferdinand sur Ottilie. Il fut charmé d’avoir une si brillante belle-fille, et la perspective d’établir son fils sans se mettre en frais lui fut très-agréable.

« Cette histoire me plaît, dit Louise, et, bien qu’elle soit tirée de la vie ordinaire, elle ne me semble point commune : car, si nous voulons nous interroger nous-mêmes, et si nous observons les autres, nous trouverons que nous sommes rarement déterminés par notre impulsion naturelle à renoncer à tel ou tel désir ; ce sont, le plus souvent, les circonstances extérieures qui nous y contraignent.