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fut écrit de mémoire, longtemps après que le fond nous eût été communiqué, et il n’est pas, comme on devrait le souhaiter dans un cas si remarquable, d’une complète authenticité. Quoi qu’il en soit, nous ne présenterons ici que ce qu’il en faut pour éveiller la réflexion et recommander à l’attention un fait dont on a peut-être déjà observé et décrit l’analogue ou quelque chose d’approchant.


CHAPITRE XV.

Macarle se trouve avec notre système solaire dans un rapport qu’on ose à peine exprimer. Elle le porte, elle le voit dans son esprit, dans son âme, dans son imagination, ou, pour mieux dire, elle en fait en quelque sorte partie : elle se voit emportée dans ces orbites célestes, mais d’une façon toute particulière ; elle circule dès son enfance autour du soleil, et, comme on l’a constaté, en ligne spirale, s’éloignant toujours plus du centre, et s’avançant vers les régions extérieures.

Si l’on doit admettre que les êtres, en tant qu’ils sont corporels, tendent vers le centre, et, en tant qu’ils sont spirituels, vers la circonférence, notre amie appartient aux plus spirituels ; elle semble n’avoir été créée que pour se dégager de l’élément terrestre, pour pénétrer dans les sphères les plus proches comme les plus lointaines de l’existence. Cette faculté, si magnifique qu’elle soit, devint cependant pour elle, dès ses plus jeunes années, un pénible fardeau. Elle se rappelle avoir vu, depuis sa première enfance, l’intérieur de son être pénétré par des substances lumineuses, éclairé par une flamme sur laquelle la plus brillante lumière du soleil ne l’emportait point. Souvent elle voyait deux soleils, l’un en elle-même et l’autre au ciel ; deux lunes, dont l’extérieure restait toujours égale à elle-même dans