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activité, et déployant la véritable valeur de leurs divers caractères.

La bonne et sensée Juliette, que nous n’avons pas oubliée, avait épousé un homme selon le cœur de son oncle, travaillant avec lui et poursuivant son œuvre, d’une manière parfaitement conforme à ses vues. Dans les derniers temps, Juliette avait beaucoup vécu auprès de sa tante, où se rencontraient plusieurs des membres de l’association, sur qui elle avait exercé une heureuse influence, soit de ceux qui demeurent fixés en Europe, soit aussi de ceux qui songent à passer la mer. Lénardo, de son côté, avait déjà pris congé avec Frédéric : les communications par messagers en étaient devenues plus actives.

Si donc on avait à regretter, dans le nombre des hôtes, les nobles amis que nous avons désignés, il se trouva ensuite chez Macarie bien des personnes intéressantes, qui nous sont déjà connues. Hilarie vint avec son mari, que nous retrouvons capitaine et riche propriétaire. Là, comme partout, sa grâce et son amabilité lui faisaient aisément pardonner la trop grande légèreté avec laquelle elle passait d’amour en amour, et que nous avons pu lui reprocher dans le cours de cette histoire. Les hommes surtout ne lui en faisaient pas un crime. Ce défaut, si c’en est un, ne lês choque point. parce que chacun peut nourrir le vœu et l’espérance d’avoir son tour.

Flavio, son mari, vif, aimable et gai, semblait posséder toute son affection ; elle s’était peut-être pardonné à elle-même le passé, et Macarie ne trouva pas l’occasion de le lui rappeler. Pour Flavio, toujours passionné de poésie, il demanda, avant son départ, la permission de lire un poème qu’il avait composé, pendant les courts moments de son séjour, en l’honneur de Macarie et de ses amis. On le voyait souvent se promenex dans la campagne, s’arrêter par moments, puis reprendre sa marche avec des gestes animés, écrire dans ses tablettes, rêver, écrire encore. Enfin, jugeant son poëme achevé, il fit exprimer par Angéla son désir.

La bonne dame consentit, quoique avec regret, à cette lecture. Cela se faisait écouter sans apprendre rien de nouveau, ni rien faire sentir que l’on n’eût déjà senti auparavant. Cependant