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« C’en est fait ! dit tranquillement le jeune homme, avec une certaine élévation pieuse. Cela devait être ; c’est pour notre bonheur à tous ; Dieu l’a voulu. Mais, pour que tu ne croies point que ce fût précipitation et fantaisie, apprends que, pour l’amou» de toi, j’avais renoncé à nos rochers et à nos montagnes, et tout arrangé à la ville aujourd’hui même, pour vivre selon ta volonté. Maintenant je partirai seul ; tu ne m’en refuseras pas les moyens ; il t’en restera bien assez encore pour le perdre ici, comme tu le crains, et comme tu as raison de le craindre ; car je me suis enfin assuré moi-même que l’industrieux, l’habile drôle a tourné ses vues vers la vallée supérieure. 11 y établit des machines. Tu le verras attirer à lui toute la substance ; tu rappelleras peut-être, et ce ne sera que trop tôt, un ami fidèle que tu chasses. »

Rarement trois personnes se sont trouvées en présence avec des sentiments plus pénibles utous trois craignaient de se repousser l’un l’autre, et ne savaient pas, dans ce moment, comment ils pourraient se retenir.

Avec une résolution impétueuse, le jeune homme s’élança hors de la maison. Bonne et Belle avait posé la main sur la poitrine glacée de son père.

« Ce n’est pas dans ce qui est proche qu’il faut espérer, ditelle, mais dans ce qui est éloigné. Ce fut sa dernière bénédiction. Confions-nous en Dieu ; que chacun se confie en soi-même et dans les autres, et tout ira bien ! »


CHAPITRE XIV.

La lecture de ce journal intéressa vivement notre ami, mais il dut avouer qu’il avait deviné dès la fin du cahier précédent que la femme excellente était retrouvée. La description de ces