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gouvernement que plus tard et par contrainte. Il se conduisit envers elle avec tous les ménagements possibles, et lui procura tous les dédommagements imaginables de sa première fortune : pendant l’été, parties de campagne dans le voisinage ; en hiver, un théâtre d’amateurs, les bals et tous les divertissements qu’elle arrangeait à son gré. 11 poussa même la complaisance jusqu’à souffrir, comme ami de la maison, un étranger, qui s’était introduit depuis quelque temps, bien qu’il ne lui plût en aucune façon, et qu’avec son coup d’œil pénétrant il crût découvrir en lui une certaine fausseté.

Après toutes ces explications, on comprendra que, dans la grave conjoncture présente, quelques nuages sombres, et aussi quelques vives lumières s’élevassent dans son esprit. En un mot, si, après ces confidences, que nous devons à l’heureuse mémoire de Frédéric, nous revenons à Odoardo, nous le retrouvons allant et venant dans la chambre, à grands pas, et manifestant, par ses gestes et ses exclamations entrecoupées, le combat qui se faisait en lui.

« Livré à ces pensées, je marchais toujours de long en large, dans une grande agitation ; le garçon m’avait apporté une tasse de bouillon, dont j’avais grand besoin : car, tout occupé des préparatifs de la fête, je n’avais rien pris, et un excellent souper, auquel personne n’avait touché, attendait à la maison. A ce moment, nous entendîmes le cor d’un postillon, qui jouait très-agréablement en montant la rue.

« Il vient de la montagne ! » dit le garçon.

« Nous courûmes à la fenêtre et nous vîmes, à la clarté de ses deux lanternes brillantes, s’avancer une belle voiture à quatre chevaux, soigneusement chargée. Les domestiques s’élancèrent du siége.

« Les voilà ! » s’écria le garçon, et il courait à la porte.

« Je le retins, pour lui recommander de ne point dire que je fusse là, de ne point avouer qu’on eût fait quelques préparatifs. Il le promit et m’échappa.

  • Cependant j’avais négligé d’observer qui était descendu, et une nouvelle impatience s’empara de moi ; il me semblait que le garçon tardait trop à m’apporter des nouvelles. Enfin j’appris de lui que les personnes arrivées étaient deux dames, l’une