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l’impression, qu’avait dû faire nécessairement sur le cœur d’une jeune fille le seul homme de mérite qu’elle eût appris à connaître intimement ; au lieu de la vénération et de la confiance filiale, il avait pu fort bien en résulter un penchant qui avait les apparences de l’amour et de la passion. Hilarie écoutait attentivement, et, par son air et ses gestes affirmatifs, elle donnait à entendre sa pleine approbation.

La mère passa ensuite au fils. Hilarie ’baissa ses longs cils, et, si l’éloquente baronne ne trouva pas d’aussi glorieux arguments en faveur du jeune homme que pour son père, elle insista principalement sur leur ressemblance, sur l’avantage que donnait à Flavio sa jeunesse ; choisi pour être son époux et le compagnon de sa vie, il promettait de devenir, avec le temps, la parfaite image de son père. IcUencore, Hilarie semblait entrer dans tous ces sentiments, bien qu’un regard un peu plus sérieux et ses yeux quelquefois baissés trahissent une émotion bien naturelle. Ensuite la baronne passa aux circonstances extérieures, qui étaient favorables et, en quelque sorte, impérieuses. L’arrangement que l’on avait conclu, les grands avantages qu’il assurait dès à présent, les vastes perspectives qui s’ouvraient de plusieurs côtés, tout fut mis sous les yeux d’Hilarie avec une parfaite vérité ; et la mère ne pouvait manquer enfin de faire entendre qu’Hilarie elle-même devait se souvenir d’avoir été fiancée auparavant, fût-ce même par forme de badinage, avec son cousin, son compagnon d’enfance. Par toutes ces considérations, la mère conclut, comme cela s’entendait de soi-même, à ce qu’avec son consentement et celui de l’oncle, l’union du jeune couple fût prochainement célébrée.

Hilarie répondit, d’un air et d’une voix tranquilles, qu’elle ne pouvait.admettre sans difficulté cette conséquence, et représenta, avec beaucoup de noblesse et de grâce, ce que les cœurs délicats sentiront certainement comme elle, et que nous n’essayerons pas d’exprimer.

Lorsque des personnes raisonnables ont médité quelque sage dessein, et comment on pourrait écarter telle ou telle difficulté, atteindre tel ou tel but ; lorsqu’elles ont mis dans un beau jour et rangé en bon ordre tous les arguments imaginables, elles éprouvent une surprise désagréable au dernier point, quand