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tir de cette situation, et remplissent tous leurs devoirs avec le plus grand zèle. Cependant, si quelqu’un d’eux s’obstine et ne montre aucune disposition au repentir, il est renvoyé à ses parents avec un rapport succinct, mais concluant. Celui qui ne veut pas se soumettre aux lois doit quitter le pays où elles règnent.»

Un autre objet excita, comme il avait fait la veille, la curiosité du voyageur : c’était la variété qu’il observait dans la coupe et la couleur de l’habillement des élèves. Là il ne semblait régner aucune gradation : car ceux qui saluaient diversement étaient habillés de même, et ceux qui faisaient le même salut portaient des habits différents. Wilhelm demanda la raison de cette contradiction apparente.

« En voici l’explication, répondit l’inspecteur : c’est un moyen de sonder le caractère des enfants. A côté de l’ordre sévère qui règne dans notre établissement, nous souffrons, sur ce point, une certaine fantaisie : les élèves peuvent choisir la couleur qui leur plaît, parmi les étoffes et les garnitures que nous avons dans nos magasins, tout comme aussi, dans certaines limites, la forme et la coupe qui leur agréent. Ce choix, nous l’observons avec soin : car, à la couleur, nous jugeons leur caractère, et, à la coupe, leurs habitudes. Mais un trait particulier à la nature humaine rend une exacte appréciation assez difficile : c’est l’esprit d’imitation, le penchant à se grouper avec les autres. Il est très-rare qu’un élève fasse tomber son choix sur quelque chose de nouveau ; le plus souvent ils préfèrent ce qu’ils connaissent, ce qu’ils ont sous les yeux. Cependant cette observation n’est pas sans résultat pour nous : par ces signes extérieurs, ils se rattachent à tel ou tel parti ; ils forment telle ou telle liaison ; ainsi se signalent des dispositions générales ; nous apprenons où chacun incline, quel modèle il se propose. Nous avons vu quelquefois tous les esprits tendre a l’universalité, une mode devenir générale, et toutes les distinctions se perdre dans l’uniformité. Cette direction, nous cherchons à la combattre doucement ; nous laissons nos provisions s’épuiser ; il n’est plus possible de se procurer telle ou telle étoffe, tel ou tel ornement ; nous produisons quelque chose de nouveau, quelque chose d’attrayant ; avec les couleurs brillantes, les formes étroites et courtes, nous séduisons les caractères gais ; avec les