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bonne heure des leçons d’astronomie, et qu’elle s’était occupée de cette science avec passion. Mais elle l’informa aussi que, pendant nombre d’années, elle avait rapproché et comparé ses visions intérieures avec sa science acquise, sans avoir jamais pu les accorder.

« Le savant se fit donc exposer par elle, avec la plus grande précision, ce qu’elle voyait, dont elle n’avait que par intervalles une perception parfaitement distincte ; il fit des calculs, et il en conclut qu’elle portait en elle le système solaire tout entier, ou plutôt qu’elle se mouvait elle-même, en esprit, dans cet ensemble comme partie intégrante. Il se basa sur cette supposition, et ses calculs se trouvèrent confirmés, d’une manière incroyable, parles déclarations de Macarie.

« Je ne puis cette fois vous en confier davantage, et, cela même, je vous le révèle avec l’instante prière de ne pas en dire un mot à personne : car tout homme raisonnable et sensé, même animé de la plus pure bienveillance, ne devrait-il pas envisager et présenter de pareilles assertions comme des idées fantasques, comme de confus souvenirs d’une science acquise auparavant ? La famille elle même n’est pas initiée à ce mystère ; ces visions secrètes, ces images ravissantes, sont présentées à ses parents comme une maladie, qui l’empêche momentanément de prendre part aux affaires du monde. Gardez le silence sur ces choses, mon ami, et n’en faites non plus rien paraître avec Lénardo. »

Vers le soir, Macarie reçut encore une fois notre voyageur ; la conversation fut aussi agréable qu’instructive : nous en rapporterons quelques mots seulement.

« La nature, disait Macarie, ne nous a pas donné un défaut qui ne puisse devenir une vertu, pas une vertu qui ne puisse devenir un défaut : ces derniers sont précisément les plus dangereux. Cette observation m’a été surtout suggérée par mon bizarre neveu, ce jeune homme, sur lequel ma famille vous a déjà rapporté de singulières choses, et qu’elle m’accuse de traiter avec trop de tendresse et de ménagements.

« Dès son enfance, il se développa chez lui une certaine adresse, une habileté pour les arts, à laquelle il se livra tout entier, et qui lui valut d’heureux succès dans maintes études et