Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/586

Cette page n’a pas encore été corrigée

582 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

.1, 7.+.11.. ~+ ;+ f ;f n"nlnmnc +n,

près de la porte, elle sortit doucement, fit quelques tours dans le vestibule et se retira chez elle. La compagnie gardait le silence Frédéric se mit à danser et à chanter

Oh ! vous verrez des merveilles Ce qui est fait est fait ce qui est dit est dit avant que le jour brille, vous verrez des merveilles.

Thérèse avait suivi Nathalie Frédéric entraîna le docteur devant le grand tableau, tit une risible apologie de la médecine et s’éclipsa. Lothaire s’était tenu jusqu’alors dans l’embrasure d’une fenêtre, et, restant immobile, il regardait dans le jardin ; Wilheim était dans la plus affreuse situation, et, même alors, se trouvant seul avec son ami, il garda quelque temps le silence ; il passa rapidement en revue sa vie passée ; enfin, jetant les yeux avec effroi sur sa position présente, il se leya brusquement de son siège et s’écria

Si je suis coupable de cet incident, de ce qui nous arrive à l’un et à l’autre, punissez-moi ! Pour mettre le comble à mes souffrances, retirez-moi votre amitié, et laissez-moi, sans consolation, errer dans le monde, où j’aurais dû disparaître depuis longtemps. Mais, si vous voyez en moi la victime d’une complication fortuite et cruelle, d’où je ne pouvais me dégager, donnez-moi l’assurance que votre affection, votre amitié, me suivra dans un voyage que je n’ose plus différer. Un jour viendra où je pourrai vous dire ce que j’éprouve maintenant. Peut-être suis-je puni, pour ne m’être pas ouvett à vous assez tôt, pour avoir différé de me montrer à vous sans réserve, tel que je suis. Vous m’auriez secouru, vous m’auriez délivré à propos. Mais encore, encore aujourd’hui, j’ouvre les yeux sur moi-même, toujours trop tard, toujours en vain. Comme je méritais la censure de Jarno ! Comme je croyais l’avoir comprise ! Comme j’espérais la mettre à profit et commencer une vie nouvelle ! Le pouvaisje ? Était-ce mon devoir ? C’est en vain que les hommes s’accusent eux-mêmes, qu’ils accusent la destinée. Nous sommes malheureux et nés pour le malheur ; et n’est-ce pas absolument égal que notre propre faute, une influence supérieure ou le hasard, la vertu ou le vice, la sagesse ou la folie, nous précipitent dans l’abîme ? Adieu, je ne resterai pas un moment de plus dans la maison où, malgré moi, j’ai violé si affreusement