DIVAN. 573
tu n’as souri au monde. Et, ce regard, Souleika entend son langage éternel : « Elle me plaît comme nulle chose ne saurait me plaire. »
La feuille de cet arbre, que l’Orient confie à mon jardin, nous offre un sens mystérieux, qui charme l’amitié.
Est-ce un seul être vivant, qui s’est subdivisé en lui-même ? Sont-ce deux êtres qui se choisissent, en sorte qu’on les prend pour un seul ?
À ces questions, j’ai trouvé la véritable réponse : ne sens-tu pas, à mes chansons, que je suis unique et jumeau ?
Avoue-le, tu as souvent composé des vers ; tu as adressé tes chants çà et là ; et, ces beaux ouvrages écrits de ta main, tu les as magnifiquement reliés, dorés en marge, achevés jusqu’au dernier point et au dernier trait, donnant à maint volume une grâce séduisante. Où que tu les aies adressés, c’était sans doute un gage d’amour ?
Oui, regards puissants et doux, sourires enchanteurs, dents éblouissantes, longs cils, qui dardent leurs flèches, flottantes chevelures, épaules, gorges ravissantes, m’ont fait courir mille et mille dangers…. Juge comme depuis longtemps Souleika était prophétisée !
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Voici le soleil ! apparition magnifique ! Le croissant de la lune l’embrasse[2]. Qui donc a pu marier un pareil couple ? Cette énigme, comment s’explique-t-elle ? Comment ?
C’est le sultan qui l’a pu faire ; il a fiancé le plus beau couple du monde, pour décorer l’élite, les plus vaillants, de la troupe fidèle.