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Et bien souvent l’œil cherche en vain autour de lui et trouve tout fermé ; c’est ainsi que l’on dissipe avec agitation la plus belle part de la vie, sans orage et sans repos ; et, pour notre malaise éternel, ce qui nous attirait la veille nous repousse le lendemain. Peux-tu n’avoir que sympathie pour le monde, qui te trompa si souvent, et, devant tes souffrances, devant ton bonheur, demeura dans un repos capricieux, obstiné ! Ah ! l’esprit se replie alors sur lui-même, et le cœur, le cœur ne s’ouvre plus.

Telle je te trouvai, et j’allai librement au-devant de toi. « Elle est digne d’être aimée ! » m’écriai-je, et j’implorai du ciel pour toi la plus pure faveur, qu’il te donne aujourd’hui dans ton amie.

Sur le lac.

Et je puise une vive nourriture, un sang nouveau, dans la libre étendue. Qu’elle est gracieuse et bonne, la nature, qui me presse dans ses bras ! Le flot berce notre nacelle, aux coups mesurés de la rame, et les montagnes nuageuses, sublimes, viennent au-devant de notre course.

Ô mes yeux, pourquoi vous baisser ? Rêves dorés, revenez-vous ? Rêves, fuyez, tout brillants que vous êtes : dans ces lieux aussi sont l’amour et la vie.

Sur les vagues scintillent mille étoiles flottantes ; de légères vapeurs abreuvent à la ronde les cimes lointaines ; le vent matinal voltige autour de la rive ombreuse, et dans le lac se reflète la moisson jaunissante.

De la montagne.

Chère Lili, si je ne t’aimais pas, quelle volupté je goûterais à ce spectacle ! Et pourtant, Lili, si je ne t’aimais pas, trouverais-je ici, et trouverais-je là-bas mon bonheur ?

Le salut des fleurs.

Ce bouquet, que j’ai cueilli, qu’il te salue mille fois ! Je me suis baissé souvent, oh ! bien mille fois, et je l’ai pressé sur mon cœur, mille, cent mille fois.

En été.

Comme champs et prairies brillent dans la rosée ! Comme