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Première perte.

Ah ! qui me rendra les jours, les jours heureux du premier amour ! Ah ! qui me rendra une heure seulement de ce temps fortuné !

Solitaire, je nourris ma blessure, et, d’une plainte toujours nouvelle, je pleure mon bonheur perdu. Ah ! qui me rendra ces beaux jours, ce temps fortuné !

Ressouvenir.

Quand les pampres refleurissent, dans le tonneau le vin s’agite ; quand les roses renaissent, je ne sais ce que j’éprouve.

Des larmes coulent sur mes joues, dans le travail, dans le loisir ; je ne sens qu’un vague désir, qui consume mon cœur.

Puis enfin je dois me dire, quand je me souviens et me recueille, que, dans une saison aussi belle, un jour elle brûla pour moi !

Approche du bien-aimé.

Je pense à toi, lorsque à mes yeux la clarté du soleil rayonne sur la mer ; je pense à toi, quand la lueur de la lune se reflète dans les fontaines.

Je te vois, quand sur la route s’élève au loin la poussière ; dans la profonde nuit, quand sur l’étroite planche tremble le voyageur.

C’est toi que j’entends, lorsque avec un sourd murmure le flot monte là-bas ; dans le bois tranquille je vais souvent prêter l’oreille, quand tout se tait.

Je suis avec toi : si loin que tu puisses être, tu es près de moi. Le soleil décline, bientôt me luiront les étoiles : oh ! si tu étais là !

Présence.

Toute chose t’annonce ! le brillant soleil vient-il à paraître, bientôt, je l’espère, tu le suivras.

Parais-tu dans le jardin, tu es à la fois la rose des roses, le lis des lis.

Si tu tournoies à la danse, tous les astres tournent avec toi, autour de toi.