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en prose volontiers : mais souvent on s’épanche sous la rose, dans le secret bocage des Muses.

Mes erreurs, mes désirs, mes souffrances et ma vie ne sont ici que des fleurs en bouquet ; et la vieillesse comme le jeune âge, et les défauts comme les vertus, ont bonne grâce en chansons.

Le nouvel Amadis.

Quand j’étais encore un enfant, on me tenait renfermé, et je passai de la sorte plusieurs années replié sur moi-même, comme dans le sein de ma mère.

Mais tu fus mon passe-temps, brillante fantaisie, et je devins un bouillant héros, un prince Bébé, et je courais le monde.

Je bâtissais maint château de cristal, et le renversais aussi : je lançais ma javeline étincelante à travers le ventre des dragons ; oui, j’étais un homme !

Puis, en vrai chevalier, je délivrais la princesse Ninette. Elle était trop obligeante, me faisait asseoir à sa table, et j’étais galant.

Et son baiser était le pain des dieux, brûlant comme le vin. Ah ! je l’aimais presque à mourir. Les feux du soleil émaillaient sa couronne.

Ah ! qui me l’a ravie ? Aucun lien magique n’a-t-il arrêté sa fuite rapide ? Parlez, où est son pays ? Quel chemin faut-il prendre ?

Le renard mort, la fourrure a du prix.

Après midi, jeune compagnie, nous étions assis au frais : Amour vint, et il voulut jouer avec nous au Renard mort[1] !

Chacun de mes camarades était assis gaiement auprès de sa bonne amie. Amour souffla son flambeau et dit : « Voici la chandelle ! »

Et comme le flambeau fumait, on le fit courir vivement ; chacun le poussait vite dans la main du voisin.

Et Dorilis me le passa, moqueuse et badine ; à peine mes doigts l’ont-ils touché, qu’il jette une flamme claire.

  1. C’est notre Petit bonhomme vit encore. Le titre de cette pièce forme le premier vers du petit couplet que les joueurs se récitent l’un à l’autre, aussi vite que possible, en se passant la bûchette ou la bougie éteinte, mais où le charbon brûle encore.