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semence, matière des animaux et des hommes. Combien n’en ai-je pas déjà enterrés ! Et toujours circule un sang frais et nouveau. Voilà la marche des choses ; c’est à en devenir fou. Mille germes s’élancent de l’air, de l’eau, comme de la terre, dans le sec, l’humide, le froid, le chaud. Si je ne m’étais pas réservé le feu, je n’aurais rien pour ma part.

FAUST.

Ainsi tu opposes au mouvement éternel, à la puissance secourable qui crée, la main froide du démon, qui se roidit en vain avec malice ! Quelle autre chose cherches-tu à entreprendre, étonnant fils du chaos ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Nous nous en occuperons à loisir dans la prochaine entrevue. Oserais-je bien cette fois m’éloigner ?

FAUST.

Je ne vois pas pourquoi tu me le demandes. J’ai maintenant appris à te connaître ; visite-moi désormais quand tu voudras : voici la fenêtre, la porte, et même la cheminée, à choisir.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je l’avouerai, un petit obstacle m’empêche de sortir : le pied magique sur votre seuil.

FAUST.

Le pentagramme[1] te met en peine ? Eh ! dis-moi, fils de l’enfer, si cela te conjure, comment es-tu entré ici ? Comment un tel esprit s’est-il laissé attraper ainsi ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Considère-le bien : il est mal posé ; l’angle tourné vers la porte est, comme tu vois, un peu ouvert.

FAUST.

Le hasard s’est bien rencontré ! Et tu serais donc mon prisonnier ? C’est un heureux accident !

  1. Figure cabalistique.