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ce une ombre, est-ce une réalité ? Comme mon barbet vient de se gonfler ! Il se lève avec effort, ce n’est plus une forme de chien. Quel spectre ai-je introduit chez moi ? Il a déjà l’air d’un hippopotame, avec ses yeux de feu et son effroyable mâchoire. Oh ! je serai ton maître ! Pour une bête aussi infernale, la clef de Salomon m’est nécessaire.

ESPRITS, dans la rue.

L’un des nôtres est prisonnier ! Restons dehors, et qu’aucun ne le suive ! Un vieux diable s’est pris ici comme un renard au piège ! Attention ! voltigeons à l’entour, et cherchons à lui porter aide ! N’abandonnons pas un frère qui nous a toujours bien servis !

FAUST.

D’abord, pour aborder le monstre, j’emploierai la conjuration des quatre.


Que le Salamandre s’enflamme !
Que l’ondin se replie !

Que le Sylphe s’évanouisse !
Que le Lutin travaille !


Qui ne connaîtrait pas les éléments, leur force et leurs propriétés, ne se rendrait jamais maître des esprits.


Vole en flamme, Salamandre !
Coulez ensemble en murmurant, Ondins !
Brille en éclatant météore, Sylphe !
Apporte-moi tes secours domestiques,
Incubus ! incubus !
Viens ici, et ferme la marche !


Aucun des quatre n’existe dans cet animal. Il reste immobile et grince des dents devant moi ; je ne lui ai fait encore aucun mal. Tu vas m’entendre employer de plus fortes conjurations.

Es-tu, mon ami, un échappé de l’enfer ? alors regarde ce signe : les noires phalanges se courbent devant lui.

Déjà il se gonfle, ses crins sont hérissés !

Être maudit ! peux-tu le lire, celui qui jamais ne fut