Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.
FAUST.

Accompagne-nous ; viens ici.

VAGNER.

C’est une folle espèce de barbet. Vous vous arrêtez, il vous attend ; vous lui parlez, il s’élance à vous ; vous perdez quelque chose, il le rapportera, et sautera dans l’eau après votre canne.

FAUST.

Tu as bien raison, je ne remarque en lui nulle trace d’esprit, et tout est éducation.

VAGNER.

Le chien, quand il est bien élevé, est digne de l’affection du sage lui-même. Oui, il mérite bien tes bontés. C’est le disciple le plus assidu des écoliers.

(Ils rentrent par la porte de la ville.)




Cabinet d’étude


FAUST, entrant avec le barbet.

J’ai quitté les champs et les prairies qu’une nuit profonde environne. Je sens un religieux effroi éveiller par des pressentiments la meilleure de mes deux âmes. Les grossières sensations s’endorment avec leur activité orageuse ; je suis animé d’un ardent amour des hommes, et l’amour de Dieu me ravit aussi.

Sois tranquille, barbet ; ne cours pas çà et là auprès de la porte ; qu’y flaires-tu ? Va te coucher derrière le poêle ; je te donnerai mon meilleur coussin ; puisque là-bas, sur le chemin de la montagne, tu nous as récréés par tes tours et par tes sauts, aie soin que je retrouve en toi maintenant un hôte parfaitement paisible.

Ah ! dès que notre cellule étroite s’éclaire d’une lampe amie, la lumière pénètre aussi dans notre sein, dans notre