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MORCEAUX CHOISIS

DE DIVERS POËTES ALLEMANDS



LA MORT DU JUIF ERRANT

Rapsodie lyrique de Schubart.


Ahasver se traîne hors d’une sombre caverne du Carmel.. Il y a bientôt deux mille ans qu’il erre sans repos de pays en pays, Le jour que Jésus portait le fardeau de la croix, il voulut se reposer un moment devant la porte d’Ahasver… Hélas ! celui-ci s’y opposa, et chassa durement le Messie. Jésus chancelle et tombe sous le faix ; mais il ne se plaint pas.

Alors, l’ange de la mort entra chez Ahasver, et lui dit d’un ton courroucé : « Tu as refusé le repos au Fils de l’Homme ; … eh bien, monstre, plus de repos pour toi jusqu’au jour où le Christ reviendra ! »

Un noir démon s’échappa soudain de l’abîme et se mit à te poursuivre, Ahasver, de pays en pays… Les douceurs de la mort, le repos de la tombe, tout cela depuis t’est refusé !

Ahasver se traîne hors d’une sombre caverne du Carmel… Il secoue la poussière de sa barbe, saisit un des crânes entassés là, et le lance du haut de la montagne ; le crâne saute, rebondit, et se brise en éclats… « C’était mon père ! s’écria le Juif. Encore un !… Ah ! … six encore s’en vont bondir de roche en roche… et ceux-ci… et ceux-ci ! rugit-il, les yeux ardents de rage ; ceux-ci ! ce